Nous avons assisté la semaine dernière à l’un des revirements les plus spectaculaires qu’ait connus le dollar américain depuis un certain temps.
Les quatre premiers jours de la semaine ont été marqués par une forte remontée du dollar, un rapport solide sur le PIB, la signature d’accords commerciaux et une Réserve fédérale (Fed) belliciste ayant contribué à réduire la prime de risque du billet vert. Puis, est arrivé le rapport sur les emplois non agricoles (“nonfarm payrolls”) de vendredi, qui a non seulement complètement inversé la tendance du dollar, mais a également radicalement modifié la perception qu’avait le marché de la santé du marché du travail américain et, par conséquent, aux taux d’intérêt de la Réserve fédérale.
La prochaine étape pour les marchés sera l’annonce des taux d’intérêt de la Banque d’Angleterre jeudi. Une nouvelle baisse de 25 points de base semble très probable, bien que nous puissions assister à un vote à trois voix, avec des commentaires laissant entendre que les baisses de taux ne devraient plus être que trimestrielles à l’avenir.

Les principales devises en détail
EUR
L’euro est brièvement passé sous le seuil des 1,14 face au dollar la semaine dernière (avant de rebondir vendredi), les marchés continuant à porter un regard critique sur les détails de l’accord commercial entre les États-Unis et l’Union européenne. Bien que les droits de douane de 15 % soient clairement loin d’être aussi élevés que les 30 à 50 % brandis par Trump ces derniers mois, les marchés et les pays européens espéraient un accord plus avantageux, qui offrirait à la fois des concessions plus importantes et rapprocherait le taux de base des 10 % réclamés par les responsables lors des négociations.
Les acteurs du marché seront désormais attentifs à l’ampleur de l’impact des tarifs douaniers sur l’économie de la zone euro, bien qu’il faille attendre les indices PMI d’août (23/08) pour avoir un premier aperçu concret. Jusqu’à présent, du moins, l’activité économique se maintient relativement bien, avec un rapport sur le PIB du deuxième trimestre (1,4 %) et des chiffres de l’inflation de juillet (2 %) qui ont tous deux créé la surprise à la hausse. Cela devrait réduire la pression sur la BCE pour qu’elle abaisse à nouveau ses taux, et les marchés estiment désormais qu’il y a à peine plus de 50 % de chances que le Conseil des gouverneurs procède à une autre baisse avant la fin de l’année.
USD
Nous avons assisté à quelques jours particulièrement mouvementés pour le dollar, qui a fortement rebondi tout au long de la semaine avant d’être secoué par la publication du rapport sur l’emploi de vendredi. La Réserve fédérale avait adopté un ton belliciste à l’issue de sa réunion de mercredi, le président Powell ayant vanté la vigueur du marché du travail et laissé entendre qu’il n’était pas pressé d’assouplir à nouveau sa politique. Dans un revirement de situation rare, deux membres du Comité fédéral de l’open market (FOMC), Bowman et Waller, ont toutefois voté en faveur d’une baisse immédiate des taux, ce qui constitue la première fois en plus de trente ans que deux gouverneurs expriment une dissidence lors d’une même réunion.
Cette dissidence accommodante s’est avérée loin d’être infondée. À première vue, les chiffres de l’emploi pour juillet ne sont pas très alarmants, même s’ils ont été complètement éclipsés par les révisions à la baisse presque inimaginables des chiffres de mai et juin, qui totalisent 258 000 emplois. Cela a à la fois bouleversé notre vision du marché de l’emploi américain, et complètement changé le discours de la Fed, qui semble désormais n’avoir d’autre choix que de réduire ses taux en septembre.
GBP
La semaine dernière a été exceptionnellement calme au Royaume-Uni, presque entièrement dépourvue de nouvelles macroéconomiques ou de décisions politiques majeures. La livre sterling a plutôt évolué au gré des tendances générales du dollar, ce qui a entraîné une baisse du GBP/USD à son plus bas niveau depuis la mi-mai, avant que la paire ne rebondisse vers 1,33 après une mauvaise sortie de chiffre sur l’emploi de vendredi. Les inquiétudes concernant les perspectives budgétaires fragiles de la Grande-Bretagne restent importantes, mais la livre sterling étant quelque peu survendue suite à cette récente évolution, on peut penser qu’ une légère reprise est envisageable.
Cette semaine, l’attention se portera sur l’annonce de la Banque d’Angleterre jeudi. La hausse de l’inflation et la capitulation presque totale du marché de l’emploi placent le Comité de politique monétaire (MPC) dans une situation délicate. Bien que nous nous attendions à ce que la majorité vote en faveur d’une baisse des taux, nous ne serions pas surpris de voir un vote partagé en trois, où la plupart opteraient pour une réduction de 25 points de base, quelques-uns pour une baisse importante, et un ou deux en faveur d’aucun changement. Au-delà du résultat du vote, il sera intéressant de voir si la Banque d’Angleterre maintiendra son approche de « réduction graduelle et prudente ». Nous pensons que ce sera le cas, même si tout changement à cet égard entraînerait presque certainement une période de faiblesse de la livre sterling.
Vous souhaitez en apprendre davantage sur le marché des devises ou savoir comment vous couvrir contre le risque de change ?
N’hésitez pas à contacter nos experts.